GENEALOGIE

Je n’ai aucun document sur ma généalogie, ni écrit, ni photographique, ni même mémoriel. Dès la deuxième génération, l’histoire de mes aïeux s’estompe et devient opaque. J’ai reconstruit mon arbre à partir d’archives, de documents historiques, de souvenirs filandreux. La vie particulière d’une de mes ancêtres a attiré mon attention sur le sort des femmes ayant vécu les mêmes servitudes.


L’histoire que je vous raconte est l’histoire de Pauline et de toutes les « Paulines » qui, à la fin du XIXe siècle, fuyant les rudes labeurs de la campagne, ont vécu un quasi-esclavage dans des appartements cossus, éloignées des avancées sociales qui se construisaient au fur et à mesure de l’industrialisation et des luttes ouvrières.


C’est l’histoire de la misère sexuelle de ces femmes destinées à être soit épouses et mères, soit « trainées » et qui bien souvent finirent comme «chair à bourgeois » dans des « maisons ». Femmes pour lesquelles tomber enceinte était condamnation au chômage, à la misère et souvent au retour honteux dans leur village d’origine où elles deviendront des « filles » infréquentables.


Cette histoire est un mélange de réalité, de récits historiques, de rêves tissant mes propres souvenirs et ressentis, des documents d’archives avec l’histoire de ces femmes domestiques. J’y intègre aussi des propos tirés de thèses, de rapports de police, et de récits littéraires.

Les photographies présentées sont issues de « prompts » fournis à une intelligence artificielle (DALL·E) retravaillées sous Photoshop et DxO Photolab7, de clichés pris sur place et de montages Photoshop.

Cette série de photographies a été montrée lors de l’exposition « Toutes Sortes de Révoltes » aux Passerelles à Pontault-Combault en octobre-novembre 2024.

Epilogue.

Tout ceci n’est pas du passé !

Ce type d’esclavage persiste aujourd’hui dans notre pays.

Selon l’Organisation internationale du travail, ils sont environ 129 000 à être dans cette situation en France.

Pour ce qui est de l’exploitation domestique uniquement, en 2021 il y a eu 192 affaires déclarées à la police/gendarmerie ou au procureur. Ceci ne représente que la partie émergée des infractions et crimes, le reste est caché dans le silence feutré des salons et dans la touffeur des arrières-cuisines. Menaces de mort, rétention des passeports, difficultés linguistiques, séquestration ne permettent pas aux victimes d’accéder aux autorités pour faire valoir leurs droits.

(Sources : Rapport de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).

Site du Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) http://www.esclavagemoderne.org/2022/04/14/en-2022-des-familles-ont-des-esclaves-a-domicile-en-france-14-04-2022/).